Chronique Yvan Fauth

Interview – 1 livre en 5 questions, Yvan Blogemotion

http://gruznamur.wordpress.com/2014/01/15/interview-1-livre-en-5-questions-les-yeux-de-lombre-dannie-ramos/

Pouvez-vous nous présenter votre nouveau roman avec vos propres mots ?

Dans Les yeux de l’ombre, une jeune femme Catherine a tout pour être heureuse : mère d’un petit garçon, elle est mariée et vit dans une belle maison du côté d’Auxange, charmant village jurassien. Un jour, elle commence à faire des cauchemars et se rend compte qu’elle a peur de son mari. Elle ne comprend pas vraiment pourquoi mais elle sent qu’elle doit s’éloigner. En parallèle, le lecteur suit l’histoire d’enfants. Les deux sont liées.

« Les yeux de l’ombre » est votre deuxième roman. Suis-je dans le vrai en disant qu’il est sensiblement différent du précédent ?

Oui, il est très différent, déjà dans le choix des lieux, pour Le Cercle des tueurs, je voulais une ville dans laquelle je n’avais jamais vécue, un peu une manière de mettre de la distance entre moi et mes personnages. Mais pour Les yeux de l’ombre, c’est complément différent, j’ai choisi de situer cette histoire à Auxange, qui n’est autre que le village dans lequel j’ai vécu dix ans. Je connais donc bien les lieux et y suis très attachée. En ce qui concerne l’histoire, ils sont également très différents, Le cercle des tueurs se situe plutôt du côté du fait divers très actuel, avec des ados qui décident de faire justice eux-mêmes, influencés par les jeux vidéos, les films…. Dans Les yeux de l’ombre, j’ai développé l’aspect plus psychologique, le lecteur suit les pensées de l’héroïne Catherine, avec un flash-back sur son passé.

La genèse de ce roman est déjà ancienne…

En effet, j’ai écrit Les yeux de l’ombre avant Le cercle des tueurs, cela m’a demandé trois ans, mais avec des phases d’écriture et de pause, et du coup mon histoire se construisait difficilement. Je l’ai envoyé à trois maisons d’édition qui ont refusé le manuscrit, l’une d’elle m’a expliqué que ce n’était pas assez abouti, (en le relisant ensuite avec plus de recul, j’ai compris pourquoi). Je l’ai donc laissé de côté. Et j’ai attaqué l’écriture du second, pour celui-ci, j’en enfin trouvé « ma vitesse » d’écriture, Le Cercle des tueurs m’a demandé un an d’écriture intense (quasiment tous les jours, mes personnages vivaient à mes côtés….). Avant de proposer Les yeux de l’ombre à mon éditeur, j’ai travaillé de nouveau sur le manuscrit, avec ce même rythme. Au début, ça a été un peu difficile de se replonger dans cette intrigue mais rapidement, le plaisir était là, encore plus intense que la première fois, j’ai modifié, développé, supprimé des passages, changé la fin….Et voilà…

Vous semblez privilégier l’ambiance aux rebondissements, la complexité des relations humaines aux scènes sanglantes…

J’aime lire des thrillers avec des scènes « bien sanglantes » Jean-Christophe Grangé est un de mes auteurs favoris, mais je crois que je suis incapable d’écrire de la même manière. Je me rends compte que j’ai besoin de garder une certaine distance, mais en même temps, dans Les yeux de l’ombre, il y a des passages très noirs, qui ont surpris mes amis notamment (j’ai eu droit à des regards perplexes :o) surtout quand j’explique que ce sont des passages que j’ai adorés écrire). Le meilleur exemple que je puisse donner se trouve dans Le Cercle des tueurs, il y a une scène de viol, mais je n’ai pas pu l’écrire de manière trop détaillée, on lit qu’elle se fait violer mais le personnage vit cette scène de manière détachée, ce qui force le lecteur à la vivre de la même manière. Plusieurs lecteurs m’ont fait la remarque que j’évoquais souvent les adolescents, les enfants, et c’est vrai que les relations à l’intérieur d’une famille, les éléments légués sans le vouloir vraiment aux générations futures (sentiments, secrets, instincts…) me fascinent. Un enfant a tant de choses à gérer et doit se dépatouiller avec tout (les parents, ses sentiments, sa vie…..), c’est un âge où tout se construit, où tout peut basculer.

Etait-il important pour vous de placer cette intrigue dans votre région natale ?

Au début, je voulais inventer un lieu (modestement je voulais faire comme Stephen King, inventer ma propre ville), ainsi dans une première version, Les yeux de l’ombre n’était pas basé dans un village jurassien. Mais pour mon éditeur, c’était important que le lecteur puisse reconnaître les lieux. Alors j’ai réfléchi et le choix s’est imposé. Aujourd’hui, j’aime l’idée d’emmener le lecteur dans ma région natale.

AVIS D'Yvan Fauth

Les yeux de l’ombre est le deuxième roman d’Annie Ramos, après Le cercle des tueurs paru en 2012. Les deux couvertures, sont assez similaires, mais les intrigues et le ton sont bien différents. Pas tout à fait un thriller (si ce n’est son final assez tendu) ni un polar, cette nouvelle histoire est à classer dans ces romans noirs où l’accent est mis sur l’aspect psychologique de l’intrigue. Une bonne partie de l’histoire se déroule au travers des yeux du personnage principal, une jeune femme dont la vie de couple semble trop belle pour être vraie. Une bonne partie du récit passe donc par son ressenti, à travers le temps, et sur la situation qui déraille au fur et à mesure des années. De manière assez inattendue, ce récit est contrebalancé par celui d’un autre personnage dont je ne dévoilerai rien pour ne pas déflorer l’intrigue.

Annie Ramos a l’intelligence de sortir du schéma habituel « meurtre / enquête / poursuite » et des rebondissements à chaque chapitres pour, au contraire, se focaliser sur le quotidien et les émotions des personnages. Un quotidien en forme de tranches de vie avec une histoire crédible qui pourrait se rapprocher d’un fait divers. En découle un récit sans violence excessive, malgré quelques passages éprouvants, qui se lit aisément, et qui peut convenir à un large public. J’aurais cependant aimé d’avantage de développement de l’aspect psychologique. Pour moi, le roman est un peu court et aurait mérité d’être étoffé de quelques chapitres supplémentaires (le sujet le permettait).

Au final, un thriller psychologique agréable et qui se lit d’une traite, même si un certain sentiment de déjà-vu persiste durant cette lecture.

 
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